7 avril - Kwibuka 27

Le 7 avril, date anniversaire du début du génocide des Tutsi, marque le début de la période de deuil au Rwanda, deuil qui se poursuit pendant les 100 jours suivants, correspondant aux 100 jours qu’a duré le génocide en 1994.

Si chacun des rescapés honore ses disparus à une date qui lui est propre, le 7 avril reste une date terrible pour l’ensemble des rescapés. Personne ne souhaite être seul ce jour-là, chacun s’organise pour traverser cette période entouré de ceux qui lui font du bien.

En cette période de Covid, avec alternance de confinement, couvre-feu, limitation des réunions, interdiction de déplacements entre districts, les femmes des groupes de parole ont eu des difficultés à se réunir en prévision de cette date. Avril 2020 en confinement avait été particulièrement douloureux.
Heureusement, depuis quelques jours, les déplacements sont à nouveau autorisés, les réunions jusqu’à 20 personnes également. Émilienne a pu réunir chacun des deux groupes afin que chacune des femmes puisse envisager cette terrible période de deuil moins seule.

A cette occasion, nous leur avons adressé un message de soutien, au nom de l’association :

"Chères amies,
En ces jours où vous entrez dans les jours de deuil, quand le chagrin encore et encore vous envahit, sachez que nous sommes là, hélas trop loin géographiquement en ce moment, mais si proches. Emilienne nous disait récemment que la présence de Ndiho vous aidait à vous sentir moins seules face aux vides affreux laissés par le génocide. Sachez que vous voir vous rassembler dans votre belle maison, parler, imaginer un présent et un futur meilleurs est tout aussi important pour nous. Nous nous faisons du bien dans les deux sens, nos liens sont indestructibles.
La France et le Rwanda vont bientôt reprendre des relations fondées sur la reconnaissance de vérités sur le rôle des dirigeants de notre pays avant, pendant et après le génocide des Tutsi. C’est une cause pour laquelle nous avons toujours lutté, et nous sommes heureuses de voir notre pays reconnaître enfin une partie de son passé.
Ce qui compte le plus, c’est notre amitié, vous auprès de nous, nous auprès de vous.
Pour Ndiho, Annette Marielle Tara."

Émilienne a transmis le message aux femmes, après nous avoir répondu ceci, qui montre à quel point notre présence est importante, à quel point notre soutien doit être indéfectible.

"Chères amies,
Merci pour votre message aux mamans, je vous promets de le transmettre. Certains peuvent dire qu’on exagère ou qu’on aime montrer la tristesse, la vérité est qu’on ne s’habitue pas de cette période, c’est comme si c’est hier que tout a basculé, nous sommes toujours hantées par le passé qui ne passe pas.
Avoir des bonnes amies comme vous, qui nous écoutent, qui nous comprennent, ça nous rappelle que vivre est possible, que tout n’est pas perdu, que nous ne sommes pas des perdues.
Il nous est difficile de trouver la bonne façon de vous témoigner notre gratitude mais sachez que nous vous devons beaucoup : de l’espoir, le goût à la vie et nous tâcherons de partager aux autres cette richesse, cette force.
Je vous embrasse au nom de tout un chacun, qui a été sauvé, soutenu par votre geste, bienveillance, parole, en particulier les mamans (vos amies)
Soyez bénies
Émilienne"